Juin 2024 - Exploration du coté de l'oppidum de Règue Malade.
Il s'agit du plus gros Oppidum du coin 8000 m2, avec double/triple muraille au sommet - Positionnement central, avec le Peygros, le San Peyre et le rocher de Roquebrune.
Il y a également une grosse muraille à l'entrée du domaine.
Intéressant car totalement isolé et n'a pas subit les ravages que les autres oppidums ont subis (Antenne pour le Peygros, castrum pour le san Peyre).
Chemin d’accès aménagé le long de la colline d'en face (photo1), le plateau est assez lunaire, on voit 3,4 fondations. Murailles impressionnantes, avec 2 pièces/salles intégrées à la muraille interne.
L'oppidum a été abandonné pour privilégier un autre oppidum à quelques kilomètres en nid d'aigle (future prospection).
Je vous laisse lire la littérature que j'ai trouvé concernant cet oppidum.
https://journals.openedition.org/dam/6564
Autour du Peigros : l'occupation humaine dans les Maures orientales
À la suite de l'incendie qui a ravagé une partie des Maures durant l'été 1990, de larges étendues se sont trouvées temporairement débarrassées du maquis et du sous-bois. Des prospections, dirigées par M. Gazenbeek et J.-M. Michel, ont été organisées dans les zones incendiées du Plan de la Tour et dans la partie orientale des Maures entre la vallée du Préconil et la vallée de l’Argens. Les campagnes de prospections successives, si elles n’ont pu, la plupart du temps, distinguer les habitats et les épandages du premier âge du Fer de ceux du second âge du Fer, ont néanmoins montré les grandes caractéristiques de l’occupation humaine dans le massif (Michel 1991 ; Gazenbeek 1992, 1993a, 1993b ; Bertoncello, Gazenbeek 1997)15.
Les petits sites d’habitat préromains sont situés presque tous en dehors des fonds de vallon et loin de la côte (fig.55). Ils sont implantés sur des sommets, sur des pentes, et des replats, à l’exception des versants ouest des crêtes nord-sud, éventés et moins ensoleillés. Les versants est et sud sont très nettement privilégiés. Les crues des torrents et ruisseaux ont sans doute empêché les implantations en fond de vallée. La destruction des sites ou leur enfouissement paraît moins plausible devant l’évitement qui se maintient même aujourd’hui. L’exemple du bassin de la Gaillarde, qui est restée quasiment vide de gisements préromains en dépit d’une topographie propice à l’établissement humain, « montre le peu d’attirance à cette période pour les zones basses » (Gazenbeek 1993a, 8).
Les Maures orientales et le massif du Grand Courrent contrastent avec les plateaux de Pourières et du Plan de la Tour qui témoignent d’une occupation beaucoup plus dense durant l’âge du Fer.
Il existe des traces d'occupation dès le Néolithique dans les Maures orientales (menhir, n° 2, et concentration, n° 3, sur la crête au nord du Peigros). Mais c’est à l’âge du Fer que le nombre des habitats se multiplie, dont plusieurs habitats perchés fortifiés. Les importations venues de Marseille et d’Italie permettent de les situer dans le temps. L’habitat perché fortifié se développe tôt au voisinage du Peigros (fig.1) : à San Peire, au sud du Plan de la Tour, les premières traces d’occupation remontent au Chalcolithique et à l’âge du Bronze, et le site fortifié dure de la fin du VIe s. au Ve s. Le Ve s. voit la création de quatre habitats fortifiés de hauteur : Règue-Malade et Castel-Diol à l’ouest de la faille le Muy-St Maximin, Croix-Bœuf et le Peigros dans le massif oriental. Ils sont distants les uns des autres de 3,4 à 6 km, séparés par au moins une crête, et sont haut perchés (plus de 400 m pour le Peigros, Règue-malade, Castel-Diol et San Peire). Trois d'entre eux font partie des petits oppida de moins de 5000 m2. Seul l’oppidum de Règue-Malade, plus grand que les autres (8000 m2), et doté de plusieurs remparts, perdure au delà du Ve s. siècle, jusqu’au IIIe s (Bertoncello et Gazenbeek 1997, 607). Au IIIe s. ou au IIe s. de nouveaux habitats fortifiés prennent le relais. Dans le massif oriental, l’habitat fortifié du Meinier est édifié au IIIe s. à proximité de la côte, et témoigne de la sécurisation des côtes (Bérato et Falconet 2013). Après l’abandon de l’oppidum de Règue-Malade, un nouvel oppidum, plus petit mais également doté d’un système défensif important, le Nid d’Aigle, est créé dans le massif du Grand Courrent tandis que se développe le vaste habitat groupé de Pourrières au sud de Règue-Malade (fig. 55 n° 29 et 30) (Bertoncello et Gazenbeek 1997 : 608). Au nord du massif, les implantations perchées du Rocher de Roquebrune ont peut-être pour origine un habitat fortifié daté de façon imprécise de la transition du premier au deuxième âge du Fer et elles se développent à partir du IIIe et du IIe s. tandis que l’occupation au Castellard et à la Flûte s'étend du IIe s. au Ier s av. n. è. (Michel 1991, 19 ; Bertoncello in Michel 1991, 12). Au sud, le petit habitat fortifié du Deffend, entouré d’un rempart circulaire, n’est pas daté. Il surplombe la plaine côtière de Sainte Maxime depuis une crête du flanc sud du vallon de la Garonnette.
Dans les Maures orientales, les habitats perchés fortifiés sont peu nombreux et tous implantés sur les marges du massif (fig.1). Ils sont éloignés les uns des autres, à l'exception de la Flûte et du Castellard. Le plus proche du Peigros, l’oppidum du Deffend, distant de 3,5 km environ, est séparé du territoire proche du Peigros par le vallon encaissé de la Garonnette.
A l’inverse, les petits habitats de l’âge du Fer, représentés par une ou deux cabanes ou maisons, ou des matériaux de construction et des meules, sont répartis sur toutes les pentes et les crêtes de l’intérieur du massif, à l’exception des fonds de vallées. Bien peu de ces lieux d'occupation ont pu être datés de l'une ou l'autre des phases de l'âge du Fer en l’absence de céramique d’importation. Les amphores massaliètes puis italiques et la céramique campanienne y sont très rares, présentes, au mieux, par un ou deux tessons, alors qu'elles sont assez abondantes dans les sites de plateaux. Une seule cabane et la concentration voisine sont à rapporter au 2e âge du Fer sur une crête au nord du Peigros à Attanoux (n° 6). Ce n’est pas le cas à l’ouest des Suils où le plateau de Pourrières a connu qu'un fort développement au IIe s. avec un habitat groupé et de nombreuses cabanes dispersées. Le plateau du Plan de la Tour et le bassin de Valauris, à l’est des Hubacs, ont aussi connu un fort développement qui se traduit par un épandage quasi continu de céramiques (Gazenbeek 1993a). L’occupation romaine est très clairsemée au cœur du massif comme elle le sera au Moyen Âge et elle est concentrée dans les Petites Maures et la vallée de la Gaillarde, sur les marges de la vallée de l’Argens. La mise en valeur du massif prend place à l’époque moderne comme en témoignent les nombreuses restanques et terrasses qui émaillent les pentes.
La position stratégique du Peigros en surplomb du col de Gratteloup et de la vallée des Suils, seul passage aisé entre la haute vallée de l’Argens et la côte, a été soulignée plus haut. Il semble pourtant qu’un autre facteur ait pu jouer dans le choix de son implantation : il surplombe plusieurs petits bassins (en blanc sur la carte, fig. 55) qui conservent encore aujourd’hui une vocation agricole. Ils se situent au pied du versant est, plus au nord sur la ligne de crête, ainsi que sur des épaulements du versant ouest. La présence importante du plantain dans les pollens témoigne de la présence de bétail à proximité et sans doute à l’intérieur de l’enceinte.
Le relief dessine pour le Peigros un terroir d'une dizaine de km2, limité par des vallées encaissées : au nord-ouest, le vallon de Couraou, à l’ouest, le vallon des Suils et du Couloubrier, et au sud le vallon de la Garonnette. Il correspond au bassin versant du Haut Fournel et de son affluent nord et les lieux de trouvaille sont dispersés sur son pourtour. Les habitants du Peigros ont pu exploiter les épaulements plats et les petits fonds de vallons secondaires situés dans son voisinage immédiat pour des activités agricoles, et déployer leurs activités pastorales sur les pentes plus lointaines. Au nord, sur les pentes raides de la Haute Brodescure, les épandages et les petites concentrations (n° 5, 7, 8 et 9) représentent sans doute des installations légères liées à des activités pastorales. Au sud et à l’est, de petits habitats sur des buttes plus basses ou sur une terrasse sont espacés de 1500 à 2000 m (n° 14, 11 et 23). Faute de datation, on ne sait lesquels sont contemporains du Peigros. Toutefois, la proximité de la concentration de l’aire du Peigros (n° 15) à l'habitat perché donne du poids à l'hypothèse d'une annexe proche des terres agricoles. À l'inverse, les petites unités d'habitation préromaines, rassemblées sur 400 m sur les pentes du Bernard (n° 24 à 27) et tournées vers l’est, paraissent conformes au modèle d'occupation plus tardif, mis en évidence par F. Bertoncello et M. Gazenbeek sur le plateau de Pourrières (1997, 607).
L'habitat du Cros de Claude (31) dans la vallée du Couloubrier est proche du Peigros mais deux facteurs ont dû limiter les possibilités d’extension du territoire de ce dernier du côté ouest : la présence de l'oppidum contemporain de Règue-Malade et le manque d'attractivité des vallées des Suils et du Couloubrier qui suivent la faille le Muy - Sainte-Maxime. Elles ont peu attiré d’occupants avant l’époque romaine au sud, et avant l'époque moderne au nord.
Le Peigros, témoin d’un mode de vie traditionnelle
L'état dégradé de l'habitat fortifié du Peigros n'a pas permis d'en retirer tous les enseignements qu'on en espérait. Pour situer ses occupants au sein de la société du Ve s. des Maures on est donc contraint d’en rester à des généralités. Bien qu'en vingt ans, la recherche ait considérablement progressé, qu'un inventaire détaillé décrive l'ensemble des habitats fortifiés et des habitats ouverts connus (Bérato et al. 1995, 2009), la disparité des connaissances reste un handicap insurmontable. Peu d'habitats contemporains, dans la région varoise, ont fait l'objet de fouilles extensives, hormis Le Montjean (plus de 250 m2 décapés ; Wallon 1984, 1986), le Mont-Garou (Arcelin et al. 1982) et Baudouvin-La Bigoye (Arnaud et al. 1986), situés près de la côte. D'autres comme Maravieille (Wallon 1986) n'ont fait l'objet que de brefs sondages. Il existe donc une grande hétérogénéité dans nos connaissances. Les dimensions du ou des murs d’enceinte, l'importance du mobilier et la proportion des céramiques importées ne varient pas de façon concomitante et ne donnent pas actuellement d’indications sur les relations entre grands et petits habitats fortifiés. L’oppidum de Règue-Malade, contemporain du Peigros et qui lui survit, pourrait être candidat à un rôle de place centrale micro-régionale mais les quelques tessons collectés lors de prospections permettent seulement de le dater (Bertoncello, Gazenbeek 1997, 607).
Le Peigros, sans dolia, avec quelques rares acquisitions d'amphores et de vin, donne l'image d'un habitat de tradition indigène qui a abrité une petite communauté à vocation agro-pastorale, peu tournée vers les « nouveaux » échanges développés par les habitats côtiers.
Durant le premier âge du Fer, le caractère cloisonné des Maures a été déterminant dans le maintien d’un certain nombre de ces implantations fortifiées où s’est perpétué le mode vie indigène durant quelques générations. La fouille du Peigros a contribué à illustrer cet aspect de l'habitat protohistorique de la moyenne montagne varoise, et a enrichi le corpus des types de céramique indigène du Ve s. av. n. è.
9HQG+GR Sainte-Maxime, France
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