Haches polies du Grand-Pressigny

Les haches polies du Grand-Pressigny : lames de prestige du Néolithique

En plein cœur de la Touraine, le petit village du Grand-Pressigny (Indre-et-Loire) a donné son nom à l’un des plus remarquables phénomènes techniques et économiques de la Préhistoire : la production de haches polies et de grandes lames en silex blond, qui ont voyagé à travers toute l’Europe il y a plus de 4 000 ans.

Un silex unique en son genre

Le silex du Grand-Pressigny se distingue par sa couleur blond-miel, sa finesse et sa capacité à produire de très grandes lames régulières. Il est extrait en masse dès le Néolithique final (vers 2500 av. J.-C.), à partir de carrières profondes, parfois atteignant plus de 5 mètres.

Ces grandes lames sont ensuite retouchées, polies, ou emmanchées pour servir de haches, herminettes, ou outils de prestige.

Un commerce à l’échelle européenne

On a retrouvé des lames du Grand-Pressigny jusqu’en Belgique, aux Pays-Bas, en Suisse, en Espagne... Un réseau d’échange impressionnant, montrant que ces objets n’étaient pas de simples outils : ce sont des biens de prestige, symboles de pouvoir ou d’alliance.

Elles étaient souvent trop grandes ou trop fines pour un usage quotidien. Leur rôle semble avoir été social autant que technique.

Des tailleurs spécialistes

La production exigeait un savoir-faire très technique : préparation du nucleus, percussion contrôlée, retouches spécifiques. Des ateliers de débitage ont été retrouvés sur place, témoignant d’un centre de production organisé, avec sans doute des artisans spécialisés.

À voir aujourd’hui

Le Musée de la Préhistoire du Grand-Pressigny, installé dans un château, propose une superbe collection de ces lames, ainsi que des démonstrations de taille de silex. Une immersion dans l’âge de pierre, version artisanat d’excellence.

Les haches polies du Grand-Pressigny ne sont pas de simples outils : ce sont les témoins d’une économie préhistorique complexe, où technique, esthétique et statut social étaient étroitement liés.